Personnages

Rita Huwiler

« Nous ne voulions pas simplement faire du tapage »
Rita Huwiler Weissen est née à Ebikon près de Lucerne. En 1984, elle a déménagé au Valais et travaillé à l'hôpital de Brigue. Après un séjour au Nicaragua, elle a été la première directrice de l’Initiative des Alpes et était engagée dans un service de soins à domicile. Plus tard, elle a ouvert un cabinet de naturopathie à Brigue.

« Nous avons bloqué deux fois l’autoroute du Gothard près de Wassen dans le canton d’Uri. J’y ai participé les deux fois. C’est pourquoi, j’ai été condamnée comme récidiviste à une peine d’emprisonnement de onze jours avec sursis. Après une opposition de l’Initiative des Alpes, la peine a été réduite à sept jours.

La Cour a consigné que j’étais déraisonnable et à la question si je participerais à nouveau à un blocus, j’ai répondu oui. Mais au fond, les juges avaient une certaine sympathie pour nous. Nous ne voulions pas simplement faire du tapage, nous nous engagions en faveur du bien-être de la population. J’ai argumenté que le trafic n’était pas tenu responsable des maladies qu’il causait à des enfants et des adultes innocents mais que moi, je serais punie pour avoir arrêté quelques voitures.

En tant qu’infirmière, la santé des gens me tenait particulièrement à cœur. Dans les années 1980, le trafic de transit n’avait pas seulement augmenté massivement au Gothard mais également aux autres passages alpins. Le premier blocus a eu lieu deux ans après la votation sur l’initiative des Alpes. Nous avons constaté que le Conseil fédéral ne mettait pas en œuvre le nouvel article de la Constitution. Nous devions lancer un signal. Une majorité de la population partageait nos revendications et j’étais convaincue que notre action était bonne et sensée.

Lors d’un des blocus, le deuxième je crois, j’ai flanché, telle est mon impression. Nous avions convenu de ne pas reculer mais quand la police est arrivée, j’ai paniqué et je me suis laissée évacuer. Certes, je suis retournée sur l’autoroute en sautant par-dessus un petit mur mais je ne m’étais pas comportée comme nous l’avions convenu, nous voulions nous laisser emporter, mais surtout ne pas quitter la chaussée routière d’une autre manière. Je croyais encore fortement à la toute-puissance des autorités à cette époque.

Les deux actions avaient été soigneusement préparées. Personne ne savait rien à l’avance, mis à part quelques photographes de presse et la télévision. Nous sommes montés jusqu’à Wassen avec un convoi de quatre voitures et camions puis nous avons ralenti, nous avons roulé les uns à côté des autres et nous nous sommes arrêtés. Aucun véhicule ne pouvait plus passer, nous avons déroulé les banderoles que nous avions chargés dans le camion. La deuxième fois, un groupe de rock faisait de la musique sur l’autoroute.

L’activiste en chef de l’Initiative des Alpes était l’une des conductrices du convoi. Je n’ai jamais eu peur d’une condamnation ou d’autres conséquences car nous nous engagions pour l’environnement et la population. J’ai seulement été en voyant arriver la police. Ce n’est pas qu’ils nous menaçaient ou nous intimidaient, certains étaient amicaux, cependant d’autres semblaient être en colère. Peut-être parce qu’ils se doutaient qu’ils ne pourraient pas empêcher le blocus. Mes compagnons n’ont même pas remarqué ma panique.

Il y a quelques années, je voulais jeter les procès-verbaux de l’audience au tribunal – tout était terminé maintenant. Mais pour mon mari Andreas (Weissen), ces papiers avaient une valeur historique. Ils sont donc encore entreposés quelque part chez nous. Andreas m’avait engagée en 1989 en tant que directrice de l’Initiative des Alpes et peu de temps après nous nous sommes mariés. J’ai travaillé au Nicaragua comme infirmière, aujourd’hui, on utilise plutôt le terme de professionnelle de la santé. Après mon retour, trouvant l’organisation trop hiérarchique, je ne voulais plus travailler dans un hôpital. La politique de l’environnement m’intéressait et une amie me conseilla le poste à pourvoir à l’Initiative des Alpes.

En tant que première directrice de l’Initiative des Alpes, je me suis beaucoup occupée des gens dans les régions. J’ai toujours essayé de les motiver à prendre part à des actions. J’y ai participé moi aussi et j’ai toujours eu beaucoup de plaisir. A cette époque, j’ai également collecté des signatures pour l’initiative des Alpes, puis pour les référendums et ainsi de suite – assez pour toute cette vie. La nature et la santé m’ont toujours intéressée. C’est pourquoi j’ai suivi une formation de naturopathe et je travaille beaucoup avec des plantes. Je veux familiariser les gens avec les trésors curatifs de la nature et leur montrer de quelle manière ils peuvent s’aider eux-mêmes. »

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